Publié le : 15/04/2020 11:19:44
Catégories : Etre mère
Faut-il continuer d'allaiter en cas d'infection au COVID-19? Quelles précautions prendre? On fait ici le point sur ce que l'on sait aujourd'hui sur cette maladie, pour vous permettre de prendre toutes les précautions nécessaires pour préserver votre santé et celle de bébé dans cette période compliquée.
Au sommaire:
Les coronavirus forment une grande famille de virus qui peuvent infecter l'homme et l'animal. Chez l'homme, plusieurs de ces virus peuvent entrainer des infections respiratoires allant du simple rhume ) des maladies beaucoup plus graves (comme le SRARS).
Le dernier coronavirus découvert, baptisé COVID-19 (pour COrona VIrus Disease - qui signifie maladie en anglais), est apparu en Chine en décembre 2019.
Les symptômes les plus courants du COVID-19 sont fièvre, grande fatigue et toux sèche.
Certains patients présentent d'autres symptômes, comme une congestion nasale (nez bouché), un écoulement nasal, des maux de gorge, une diarrhée ou, plus rarement, une perte de l'odorat.
Le virus se transmet par le biais de gouttelettes respiratoires, expulsées par le nez ou la bouche lorsqu'une personne tousse ou éternue.
Ce mode de transmission explique la mise en place de gestes barrières (tousser ou éternuer dans son coude par exemple) et particulièrement de distanciation sociale : laisser une distance d'un mètre ou plus avec les personnes infectées permet de réduire considérablement les risques de d'infection.
Cependant, ces mesures à elles seules ne peuvent protéger d'une contamination par le COVID-19 : en effet, le virus peut également survivre un certain temps (plusieurs heures) sur des surfaces inertes (le sol, les meubles) ou des objets. C'est pourquoi il est également essentiel pour tous de se laver très régulièrement (et méticuleusement) les mains à l'eau savonneuse, ou d'utiliser une solution hydroalcoolique. Le port de masque par les personnes infectées contribue de même à réduire les risques de contamination.
Bon à savoir
Le malade est déjà contagieux 3 à 5 jours avant l'apparition des premiers symptômes.
Par ailleurs, certains patients infectés sont asymptômatiques (ils ne présentent aucun signe de la maladie. Cela signifie que vous pouvez être porteur, ou être en contact avec une personne malade sans le savoir.
Il est donc essentiel de respecter les gestes d'hygiène et les mesures barrières mises en place par les autorités de santé.
Fait important : environ 80% des malades atteints de COVID-19 guérissent spontanément, sans traitement particulier.
En cas de fièvre, n’utilisez pas de produit à base d’aspirine ou d’ibuprofène, qui pourraient aggraver l’infection. Privilégiez un médicament à base de paracétamol.
Malheureusement, 1 patient sur 6 présente des symptômes plus graves, comme des difficultés respiratoires et peut nécessiter une hospitalisation.
FIEVRE + TOUX + DIFFICULTES A RESPIRER = CONSULTATION MEDICALE INDISPENSABLE
Parmi les facteurs aggravants de la maladie, on note l’âge avancé (l’âge moyen des personnes décédées en France se situe autour de 70 ans), le tabagisme mais aussi un indice de masse corporelle (IMC) trop élevé.
En Angleterre par exemple, 73,4% des malades traités en soins intensifs souffrent de surpoids ou d’obésité.
Le taux de mortalité observé pour le COVID-19 se situe actuellement autour de 2%, mais ce chiffre est à nuancer : certains patients ne présentant pas ou peu de symptômes, ils ne sont pas comptabilisés dans les personnes infectées.
Dès lors le ratio Nombre de personnes décédées/Nombre de personnes diagnostiquées est à considérer avec recul.
De plus, il convient de préciser que ce taux varie énormément en fonction de l'âge du patient : de 0,0016 % pour les 0 à 9 ans à 7,8 % pour les 80 ans et plus, selon « The Lancet Infectious Diseases ».
Enfin, Il est également à noter que 90% des patients décédés des suites d’une infection au COVID-19 présentaient une pathologie pré-existante telle que pathologie cardiaque (42%), diabète (32%) ou pathologie pulmonaire (27%).
Les enfants semblent peu touchés par l’infection au COVID-19 : 2% seulement des personnes contaminées sont des enfants ou adolescents.
Ce fait surprenant (les enfants étant généralement considérée comme des personnes à risque en raison de leur système immunitaire peu développé) avait déjà été constaté par les autorités chinoises début février 2020.
Les chiffres rapportés alors présentaient un virus peu virulent chez les jeunes enfants : Entre le 8 décembre 2019. Et le 6 février 2020, la Chine recensait plus de 31000 contaminés. Parmi eux, 9 bébés, âgés de 1 à 11 mois, ont été hospitalisés. Aucun des enfants n’a requis d’assistance respiratoires ou une admission aux soins intensifs.
"Les formes sévères chez les sujets jeunes sont extrêmement rares", indique Jérôme Salomon, Directeur général de la Santé dans son point de situation du 25 mars.
Un seul cas de mortalité a été recensé aux Etats-Unis, où un bébé de moins d’un an est mort des suite du COVID-19 en mars dernier. Le rapport ne précise pas si l’enfant souffrait d’une pathologie pré-existante pouvant expliquer l’issue fatale.
La rareté des cas recensés chez les jeunes enfants ne doit pourtant pas induire l’idée fausse qu’ils sont immunisés.
Comme l’explique le Dr Pierre Parneix, médecin de santé publique expert sur le Covid-19, la plupart d'entre eux sont peu symptomatiques, voire porteurs du virus sans même le savoir (on dit qu'ils sont porteurs sains). "Ils peuvent en revanche être vecteurs de la maladie, d'où l'importance de ne pas les amener dans une collectivité de gens fragiles, comme les maisons de retraites et de leur apprendre à bien se laver les mains fréquemment" insiste le spécialiste.
Il existe malheureusement encore peu d’études sur le sujet, mais les données scientifiques dont disposent actuellement les autorités de santé montrent qu’il n’y a pas de passage du virus dans le lait maternel.
De plus, aucun cas de contamination d’enfant allaité n’avait été reporté au 16 mars dernier, soit plus de 3 mois après le début de l’épidémie.
Pour mémoire, le lait maternel possède des propriétés antimicrobiennes et antivirales reconnues, qui modulent l’immunité de l’enfant, le rendant ainsi moins vulnérable aux infections.
En l’état actuel des connaissances, toutes les autorités sanitaires compétentes (OMS, CDC, UNICEF) insistent donc sur la nécessité de maintenir plus que jamais l’allaitement dans cette période, même en cas d’infection de la mère.
Les soignants soulignent que les jeunes mères et leur bébé passant l’essentiel de leur temps ensemble, ils sont exposés ensemble aux mêmes agents pathogènes (virus ou bactéries).
Ainsi, si la mère présente des symptômes, il est quasiment certain que l’enfant est également contaminé. Un arrêt brutal de l’allaitement est donc sans objet, et pourrait même se révéler gravement préjudiciable à la santé du bébé.
Comme le rappelle la Leche League, spécialiste incontesté des questions d’allaitement, interrompre l’allaitement, même de façon momentanée, aurait de nombreuses conséquences néfastes, en induisant notamment :
Si la mère présente des symptômes pouvant faire penser à une infection au COVID-19 (fièvre, fatigue, toux), l’allaitement doit être poursuivi, en prenant des mesures d’hygiène particulières, exposées ci-dessous.
Les mesures d’hygiène à respecter si vous êtes infectée au COVID-19
Lorsque l’état de santé de la mère nécessite une hospitalisation, il faut, autant que possible, maintenir l’allaitement.
Si la mère est trop malade pour continuer à donner le sein directement, il est possible, en lien avec l’équipe soignante, de lui proposer de tirer son lait.
Il sera ensuite donné à bébé par une personne en bonne santé, en utilisant un moyen adapté selon son âge (DAL, tasse, verre…) pour éviter tout risque futur de confusion sein-tétine.
L’enfant recevra ainsi les facteurs immunitaires appropriés (la composition du lait maternel s’adapte en permanence aux besoins du bébé, notamment en matière d’anticorps), ce qui l’aidera à prévenir tout risque de contamination ou à en réduire les effets s’il tombe malade.
Si l’utilisation d’un tire-lait n’est pas possible, il convient dans tous les cas d'éviter de recourir au biberon pour nourrir l’enfant. Il sera ainsi possible pour la mère d’envisager une relactation une fois son état de santé stabilisé.
En cas de suspection d’infection ou d’infection avérée au COVID 19 du père ou de la mère, et il est important d’éloigner bébé d’au moins un mètre du lit de ses parents durant la nuit : en effet, compte-tenu du mode de transmission par gouttelettes respiratoires, le risque de projection pendant le sommeil est très important.
La protection par masque est ici inefficace (le masque ne tenant pas en place sur le visage) : la seule option est donc de placer bébé dans un berceau suffisamment distant du lit parental pour éviter tout risque de contamination accidentelle.
En période de pandémie, il est naturel de tirer des conclusions hâtives : de la fièvre, une grande fatigue et on en déduit immédiatement que l’on a été contaminée par le coronavirus.
Pourtant, pour les mères allaitantes, en l’absence de toux (caractéristique de l’infection au COVID-19), le premier réflexe doit être d’examiner ses seins : une zone rouge marquée sur une partie d’un sein, dure au toucher voire douloureuse, et associée aux symptômes déjà évoqués (fièvre, fatigue, frisson) est le signe d’une mastite.
Prenez rapidement contact avec votre médecin traitant, qui vous prescrira le traitement approprié.
Voilà, vous savez tout sur le COVID-19. En cas d'infection, une seule chose à faire : continuer d'allaiter!
et bien sûr...