Un frein de langue restrictif peut avoir un impact important sur la vie de votre enfant. Cette page vous aide à comprendre les conséquences possibles et l’intérêt d’une intervention.
Rappelons tout d’abord (c’est essentiel) que si le frein de langue n’est pas restrictif, il est absolument inutile de le couper.
Seul un frein diagnostiqué comme réellement restrictif pourra faire l’objet d’une intervention.
L’idée de découper une partie de la langue de Bébé peut a priori sembler barbare et certains parents y sont farouchement opposés...
Ils craignent d’imposer à leur Bébé une douleur inutile. Après tout, si la Nature a doté Bébé d’un frein de langue, il n’y a pas de raison d’intervenir.
Pour mieux comprendre l’utilité de la frénectomie, on peut faire un parallèle avec la syndactylie.
La syndactylie (ou le fait de naître avec deux doigts reliés entre eux) résulte du même processus d’apoptose incomplète que l’ankyloglossie (ou frein de langue).
In utero, quand la main se forme, les doigts sont tous reliés entre eux. Plus tard, le fameux phénomène de mort cellulaire programmée permet de créer cinq structures distinctes.
Lorsque l’apoptose est incomplète, le bébé naît avec les doigts collés.
Un chirurgien interviendra pour les séparer, afin que l’enfant puisse bénéficier d’une mobilité normale.
On ne se pose alors pas la question de savoir si l’enfant aura besoin de ses cinq doigts, ou si la douleur liée à l’opération en vaut la peine.
Les conséquences d’une telle malformation sur la vie future de l’enfant sont évidentes, ce qui permet de simplifier la décision.
En cas d’ankyloglossie, les pédiatres non formés conseillent généralement à la mère d’abandonner simplement l’allaitement au profit du biberon. De cette façon, pensent-ils, le problème sera réglé, et aucune opération ne sera nécessaire.
Pourtant, les difficultés d’allaitement sont loin d’être les seules conséquences connues d’un frein de langue.
Pour évaluer l’utilité de la frénectomie, il est donc utile de regarder plus précisément l’impact que le frein peut avoir sur la vie de l’enfant.
On l’a vu, les premiers signes d’un frein de langue apparaissent généralement dès le début de l’allaitement.
Les douleurs et crevasses provoquées par la mauvaise succion de Bébé alertent la jeune maman, et la faible prise de poids donne une autre indication importante.
Bon à savoir : la prise de poids des bébés allaités est différente de celle des bébés nourris au biberon.
Si vous avez un doute, comparez la courbe de Bébé aux courbes de référence de l'OMS, établies pour les bébés allaités.
D’autres signes pointent également vers un problème de frein de langue restrictif.
Certains bébés peuvent en effet souffrir de coliques ou de reflux gastro-oesophagien, deux pathologies en lien étroit avec les freins de langue et de lèvres.
A cause du frein, la succion de Bébé est inefficace. La tétée lui demande beaucoup d’effort, et il n’est pas rare qu’il abandonne en cours de route, trop fatigué pour aller jusqu’à vider le sein.
Le saviez-vous?
Le lait de début de tétée, très aqueux et fortement concentré en lactose, est très différent du lait de fin de tétée, riche en gras et en nutriments essentiels à la digestion.
Si Bébé n’a pas la force de vider le sein, il ingère trop de lactose sans les éléments nécessaires pour le digérer.
Il risque donc de souffrir de coliques digestives.
Un tout-petit qui pleure beaucoup dans les heures qui suivent les repas, se tortille et semble constamment inconfortable souffre peut-être simplement d’un frein de langue restrictif.
→ Découvrez toutes nos astuces pour en finir avec les coliques du nourrisson par ici.
Le corps humain est une machine extraordinaire, qui s’adapte à l’infini pour assurer la survie de l’espèce.
Lorsque Bébé ne tète pas correctement, il ne reçoit pas suffisamment de lait et sa santé risque d’être menacée.
Il semble que le corps de sa mère trouve parfois une façon détournée de contourner ce handicap. Il éjecte le lait très rapidement et en grande quantité, afin que Bébé puisse tout de même en absorber assez pour survivre : c’est le fameux réflexe d’éjection fort (REF).
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Ce mécanisme, qui peut sembler formidable puisqu’il permet à Bébé d’être nourrit malgré son frein de langue, a néanmoins un inconvénient de taille.
En essayant de gérer le flux de lait trop abondant, Bébé avale souvent une grande quantité d’air.
Cet air peut ressortir par la bouche, entraînant avec lui une bonne partie du contenu de l’estomac.
Ces régurgitations, si elles sont trop fréquentes, peuvent provoquer des brûlures au niveau de l’oesophage.
On parle alors de reflux gastro-oesophagien ou RGO.
Si vous pensez vous-même avoir un réflexe d’éjection fort, ou si Bébé souffre de RGO, la piste du frein de langue n’est pas à écarter.
Bien souvent lorsque Bébé n’arrive pas à téter correctement, ou que sa courbe de poids n’est pas dans la norme, votre pédiatre vous suggèrera peut-être de lui donner des biberons en complément de l’allaitement.
La succion au biberon nécessite en effet moins d’effort : le réflexe d’éjection n’a pas besoin d’être amorcé et le lait coule tout seul.
Bébé pourra donc être rassasié plus facilement.
Cependant, en introduisant cette nouvelle forme d’alimentation, vous devrez probablement renoncer totalement à l’allaitement.
Moins stimulée, votre lactation va rapidement décroître.
Et Bébé risque fort de faire une confusion sein/tétine, et de refuser purement et simplement le sein.
Pourquoi se fatiguer à téter quand l’alternative (le lait maternisé) est accessible sans grand effort ?
Vous êtes prête à renoncer à l’allaitement pour le bien-être de Bébé?
C’est tout à fait compréhensible : supporter chaque jour les douleurs de l’allaitement est une chose, mais voir la courbe de poids de Bébé stagner pousse toute maman à remettre ses choix en question.
Toutefois, il faut signaler que les problèmes de Bébé ne seront pas forcément régler avec le biberon.
Si certains enfants trouvent l’apaisement dans ce changement, d’autres au contraire tombent de charybde en scylla.
Leur frein de langue les empêche parfois de gérer le débit plus rapide du biberon : ils toussent et s’étouffent régulièrement pendant les repas.
On voit également du lait s’écouler au coin de leur bouche, seule façon d’évacuer le surplus.
Donc gardez en tête que, si certains enfants s’accommodent avec bonheur d’un passage au bib, d’autres feront au contraire face à de nouvelles difficultés.
Une tétine à débit réduit pourra alors être adoptée pour minimiser les risques.
Sachez que, dans tous les cas, opter pour le biberon ne règlera jamais le problème sous-jacent.
Le frein de langue de Bébé pourrait malheureusement venir se rappeler à votre bon souvenir dans un avenir proche.
Lorsque Bébé approche de ses 6 mois de vie, il passe naturellement à des aliments plus substantiels.
Le rôle de la langue va alors évoluer et la restriction provoquée par le frein risque de poser de nouveaux problèmes.
Pour bien le comprendre, faisons de nouveau appel à notre imagination.
Visualisez vous en train de mâcher un bon morceau de pain frais.
La mie fond sur votre langue, la croûte ramollie finit par se fractionner en petits morceaux, faciles à avaler... C’est le mets idéal pour un bambin qui fait ses dents!
Concentrez-vous à présent sur les mouvements de votre langue. Sans que vous en ayant pleinement conscience, elle se livre à un véritable ballet dans votre bouche.
Elle pousse les gros morceaux vers vos molaires pour qu’ils y soient broyés, récupère les miettes égarées entre vos gencives et vos joues, nettoie les interstices entre vos dents...
Sans oublier son rôle primordial dans la déglutition!
Tout cela est le fruit d’un entraînement commencé dès la naissance, et qui nécessite une pleine mobilité de tous les muscles de la bouche.
Les bébés présentant un frein de langue restrictif sont fortement handicapés dans cet apprentissage.
Ils développent généralement des techniques pour contourner le problème, usant et abusant des muscles des joues et des lèvres pour faire le job.
Mais cela leur demande du temps (on a l’impression qu’il leur faut des heures pour terminer de manger) et beaucoup d’énergie!
Et bien sûr, certaines textures (comme les fameuses chips de maïs évoquées plus haut) sont tout simplement ingérables. Les enfants vont donc se cantonner à quelques plats faciles à mâcher et à avaler.
Il en résulte que ces enfants sont souvent considérés comme “difficiles” vis à vis de la nourriture. Ils “n’aiment” rien!
Des enquêtes menées après frénectomie montrent qu’il ne s’agit en fait pas d’un problème de goût, mais bien des soucis posés par la texture des aliments rejetés.
Une fois leur frein de langue coupé, les enfants se mettent rapidement à apprécier tous ces aliments jusque-là considérés comme immangeables!
L’alimentation n’est pas le seul domaine de compétence de la langue.
Chez l’être humain, elle joue également un rôle essentiel dans la communication.
Chez les enfants n’ayant jamais été allaités, c’est bien souvent lorsqu’ils commencent à parler que le problème de frein de langue est détecté.
Certains sons sont tout simplement impossibles à prononcer si la langue n’a pas la mobilité nécessaire.
Les visites répétées chez l’orthophoniste sont d’ailleurs dans ce cas totalement inutiles (et parfois très pénibles et humiliantes pour l’enfant).
Si vous êtes chanceux, l’orthophoniste de votre enfant aura été formé à la détection des freins de langue. Il pourra alors vous orienter vers un professionnel qualifié pour procéder à la frénectomie.
Il est important de noter qu’une fois l’opération effectuée, de nouvelles séances d’orthophoniste seront sans doute nécessaire pour réapprendre à l’enfant à utiliser sa langue normalement.
Outre l’alimentation et la parole, la langue joue également un rôle fondamental dans le développement de la structure faciale de l’enfant.
A la naissance, le palais du nouveau-né forme une sorte de triangle. Il s’aplatira et s’élargira sous l’action de la langue, qui au repos, s’appuie naturellement sur le palais.
Lorsque le frein de langue est si restrictif que la langue ne peut prendre cette position, cela impacte parfois dramatiquement le développement cranio-facial de l’enfant : le palais reste étroit et fortement arqué, ce qui limite la place des dents définitives.
Ces dernières pousseront alors de travers, nécessitant des années de soins orthodontiques coûteux et franchement douloureux.
Le palais étant également le plancher du nez, cela peut entraîner d’autres conséquences fâcheuses au niveau de la respiration.
La forme inadaptée du palais est l’une des conséquences qui ne pourra être rectifiée par une frénectomie tardive.
En effet, jusqu’à ses 9 mois environ, les os et cartilages de Bébé sont souples et malléables pour permettre au crâne de continuer à se développer après sa naissance.
A la fin de la première année de vie, la croissance rapide du crâne stoppe. Les os se solidifient et la forme de la tête ne change pratiquement plus.
Si le frein de langue de Bébé est coupé tardivement, la nouvelle mobilité de la langue ne pourra donc plus influer sur la forme du palais.
Enfin, il faut noter que dans certains cas, un frein de langue peut entraîner des problèmes de sommeil.
Les enfants (et les adultes) souffrant d’un frein ont tendance à respirer essentiellement par la bouche.
Pendant la nuit, lorsque la langue ne peut se reposer sur le palais, elle reste appuyée sur le plancher buccal.
Il arrive qu’elle s’enroule et obstrue la gorge : l’air ne passe plus!
Cela provoque généralement le réveil du dormeur... un évènement qui peut se répéter de nombreuses fois au cours de la nuit.
Si vous notez que votre enfant, même pendant la journée, a tendance à respirer par la bouche, il peut être utile d’explorer la piste d’un frein de langue restrictif non détecté.
On l'a vu, un frein de langue restrictif peut entraîner de nombreux problèmes, certains poursuivant même son porteur jusqu’à l’âge adulte.
Faire couper le frein de langue de votre bébé ne prendra en revanche que quelques secondes (de 15 à 30 secondes selon les cas) et n’engendra qu’une légère douleur, bien vite oubliée.
L’idée de faire couper le frein de langue de votre enfant vous fait peur?
Voyons ensemble les quelques étapes simples nécessaires pour se débarrasser de cette petite corde si handicapante.